Le Buste de la paix, une oeuvre en marbre blanc d’Antonio Canova, a été interdit d’exportation par le ministre britannique des Arts, du Patrimoine et du Tourisme, Michael Ellis, afin de permettre de le conserver au Royaume-Uni. Il s’agit de l’une des dernières oeuvres de l’artiste italien encore en mains privées. Elle a été vendue 5 303 500 £, en juillet 2018, par la maison aux enchères Sotheby’s.
Une oeuvre étroitement liée à l’histoire nationale
La décision ministérielle s’appuie sur une recommendation du Reviewing Committee on the Export of Works of Art and Objects of Cultural Interest, un comité administré par l’Arts Council England. Il s’est prononcé en faveur de l’interdiction d’exportation au motif que la sculpture est étroitement liée à l’histoire et à la vie du Royaume-Uni.
Le buste néoclassique a été réalisé entre 1814 et 1815. Il s’inscrit dans la série des «têtes idéales
» (teste ideali
), des têtes de femmes sculptées dans le marbre, presque à taille réelle, et représentant une conception idéalisée de la beauté.
La sculpture «allie un moment crucial de notre histoire avec la beauté et l’élégance
» (notre traduction), indique le ministre Ellis. Elle symbolise le retour de la paix en Europe après des années de troubles durant l’ère napoléonienne, une période qui a culminé avec la bataille de Waterloo.
Une sculpture de provenance prestigieuse
L’oeuvre aurait été donnée par l’artiste lui-même à John Campbell pour le remercier de son aide dans le rapatriement d’oeuvres d’art pillées en Italie par les armées françaises durant les guerres napoléoniennes.
Campbell, aussi connu sous le nom de baron Cawdor, a été l’un des mécènes de Canova. Il lui a commandé plusieurs oeuvres, dont les célèbres sculptures L’Amour et Psyché (1797) et Psyché ranimée par le baiser de l’Amour (1787-1793) conservées au Musée du Louvre.
Après la mort de Lord Cawdor, en 1821, l’oeuvre est demeurée dans la famille durant cinq générations. Le buste a été présenté au public pour la dernière fois, en 1817, lors de l’exposition estivale de la Royal Academy. Il a été vendu aux enchères une première fois, en 1962, puis il est disparu jusqu’à sa seconde mise en vente, en 2012, chez Bonhams.
Si l’oeuvre ne trouve pas d’acquéreur avant le 1er février 2019 au prix payé aux enchères, elle risque d’être exportée en dehors du royaume*. La période pourrait être prolongée jusqu’au 1er juillet 2019 si un acquéreur sérieux se manifeste.
* Au terme de la période de report, aucune offre n’a été enregistrée. La licence d’exportation a donc été accordée.
Dernière mise à jour: 10 février 2019